Le doux monde inventif de la R.A.T.P.

Ah, la R.A.T.P., cette merveilleuse entreprise où l'on vit des moments de grâce... Et ce matin, j'ai eu droit à mon petit moment de grâce qui aurait pu faire jouir notre NKM nationale...

J'arrive sur le quai de la ligne 4 à Barbès, comme tous les matins. Comme tous les matins, à 7 h 55, il n'y a pas foule, nous devons être une petite cinquantaine sur la totalité de la longueur du quai (75 mètres).

Je remarque, sans y faire plus attention, un agent de la R.A.T.P. que je prends pour un contrôleur, il a la fameuse tenue verte. Seul sur le quai (ce qui est risqué), je trouve cela étrange mais cela ne me titille pas plus que ça. Il a juste un accessoire dans la main qui m'interpelle un peu et qui ressemble vaguement à un truc rond jaune fluo avec une poignée... Une tapette à mouche géante... Bref, ça m'indiffère totalement.

Je me positionne pour être juste en face de la porte de la rame, à environ 1 mètre du bord, sors mon livre et commence à lire, mon casque rivé sur les oreilles. La rame est annoncée dans 1 minute...

Précision importante : Je me positionne toujours à environ un mètre du bord du quai, mon poids (no comment) sur ma jambe arrière afin de prévenir tout mouvement de foule ou bousculade qui pourrait me projeter sur les railles électrifiées...

Je vois tout à coup, gesticuler dans mon champ de vision, l'accessoire étrange cité ci-dessus tenu par ce que j'ai pris pour un contrôleur...

Je me retourne, je te bouscule (oups, hors sujet), donc, je me retourne, enlève mon casque et là, arrive le moment de grâce :

• L'agent : "Reculez-vous du quai"
• Moi : "Pardon ?!?!" - Je rappelle que je suis à 1 mètre du bord du quai...
• L'agent : "C'est pour votre sécurité"
• Moi : "Pardon ?!?!"
• L'agent (qui vient de comprendre qu'il aurait un problème certain pour me faire obéir) : "Reculez-vous, c'est pour votre sécurité..."
• Moi : "Je prends le métro depuis plus de 20 ans, que voulez-vous qu'il arrive, il n'y a personne ?"
• L'agent (en mode mainate autiste) : "Reculez-vous, c'est pour votre sécurité..."
• Moi : "Vous nous prenez vraiment pour des débiles... Vous n'avez qu'à mettre des barrières pendant que vous y êtes !!!"

Là je me retourne (je te... ok, re-hors sujet), je me replonge dans mon livre le laissant seul avec le vent que je viens de lui mettre et avec la ferme intention de rester où je suis malgré ses invectives infondées... Le métro arrive, je monte et l'homme en vert à la tapette à mouche reste comme une pauv'fille sur le quai avec mon vent...

La R.A.T.P. invente depuis quelques mois des jobs pour le moins passionnants, voire étranges et surtout totalement inutiles, à mon avis.

Nous avons vu arriver dans certaines stations, à Gare du Nord par exemple, sur la ligne 4, des agents habillés d'orange fluo se positionnant à l'arrivée des rames, bras écartés, puis qui s'écartent lorsque les portes s'ouvrent, permettant à la sortie et la rentrée des voyageurs et qui se repositionnent aussitôt cet échange fait devant les portes en hurlant : "Fermeture des portes !!!".

Pour les non-parisiens, il existe depuis toujours une sonnerie qui avertit que les portes vont se fermer... Mais bon, nous devons être trop stupides pour comprendre l'utilité de cette douce sonnerie si caractéristique de métro parisien...

Bref, c'est un boulot de merde. Boulot qui n'est jamais assuré, d'ailleurs, lorsque les quais sont bondés... En clair, à l'heure de pointe.

Aujourd'hui, nous avons le "contrôleur de distance des voyageurs par rapport au quai" qui vient d'apparaître dans notre quotidien d'usager... Surement est-ce le fruit d'une réflexion intense d'un Enarque, d'un emploi fictif ou d'un placard doré de la R.A.T.P. (triple pléonasme).

Il est bien évident que ce nouveau job R.A.T.P. ne se verra jamais en action sur la ligne 13, Place de Clichy, à 18 h 00, lorsque le quai déborde jusque dans les couloirs et que les voyageurs sont au bord bord du quai...

Bref, tout ça pour dire que la R.A.T.P. semble vouloir se moderniser par un subtile mélange d'imbécilisation du voyageur, d'une course à la sécurité totale, une volonté de faire baisser le chômage et ce, en faisant, disons-le clairement, n'importe quoi...

En revanche, rien sur le contrôle des fraudeurs. A Barbès, beaucoup continuent de passer les portiques de sortie pour rentrer (surement un concept que mon triple pléonasme mentionné ci-dessus n'a toujours pas intégré), portiques qui sont cassés depuis des années. D'ailleurs, je me demande si je les ai vues fonctionner normalement un jour...

Voilà, ce fut ce petit moment de grâce NKMienne typique de nos services publics laissés entre les mains de technocrates zélés mais non usagers...